
La lettre d'Aurore
Je suis Aurore
Je suis Aurore.
Et parfois… je suis une nuit sans sommeil enfermée dans un corps qui fait semblant d’aller bien.
Chaque matin, je me lève avec une armure invisible. Elle pèse lourd.
Personne ne la voit. Mais elle est là.
Elle s’appelle "fais comme si".
Comme si j’allais bien. Comme si j’avais envie de parler. Comme si le monde n'était pas trop fort, trop rapide, trop imprévisible.
Il y a des jours où je me sens comme une lumière trop blanche sous un néon : présente, mais douloureuse.
Je suis là, mais chaque geste coûte.
Rester debout. Répondre aux mails. Tenir une conversation.
Comprendre les autres, leurs intentions, leurs pensées, ce qu'ils demandent sans le demander, les implicites et les sous-entendus.
Rien ne vient sans effort.
On me dit souvent que je suis fatiguée parce que je pense trop.
Mais moi, je crois que je ressens trop.
Je ressens l'autre, ce qu'il dit et puis ce qu'il ne dit pas, le silence d’une pièce, l’agacement dans un soupir, le mouvement nerveux d’une collègue, la lumière trop forte, une réunion trop bruyante.
Je ressens l'autre dans un mouvement de sourcil, dans un tic nerveux.
Je ressens ses émotions, même les attentes qu’on ne dit pas.
Et puis, il y a cette voix, à l’intérieur.
Elle ne crie pas.
Mais elle murmure, chaque jour, que je suis peut-être différente.
ça expliquerait pourquoi depuis toujours on me dit : "Tu es spéciale".
Pas fragile.
Pas faible.
Juste… autre.
Un jour, j’ai arrêté de me lever.
Mon corps disait stop. Mon cœur aussi.
Et j’ai commencé à écouter.
Pas les autres. Moi.
C'est là que mes amis entrent en jeu. Ils sont venus dans ma vie comme un grand Soleil.
C’est là que Garance est entrée dans ma vie.
Et que les cabanes d’Opalin m’ont offert un silence… Un silence habité.
Mais ça, je vous le raconterai une autre fois.
Je suis Aurore.
Et peut-être… que dans ma fatigue, commence une autre histoire.
Souvent, parce que je ressens tout si fort, je me balance :
« Mes balancements
C’est un rythme, une musique, un mouvement,
Différent du vôtre
J’oublie dehors, j’oublie dedans,
Nul ne peut me rejoindre, seul le Maître du temps,
Cet espace à part, dans mon balancement.
Je deviens lente moi qui ne le suis pas,
Je repense à l’évènement d’avant,
Je me prépare à celui d’après
Mes émotions comme des nuages
Qui traversent le ciel,
Je ne peux les vivre comme vous,
Fragile en mon balancement.
Suspendue entre ma tête et mon cœur,
Écoutez donc le cri muet de mon corps !
Je savoure la vie, modèle réduit ou large à l’infini ?
Je ne sais pas mais c’est ainsi
Vivante en mon balancement ».
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